Forum Patrimoine de la Gendarmerie Nationale
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Le service au quotidien

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Message par le criquet Mar 16 Fév - 15:00

Bonjour à toutes et tous.
La vie de caserne m'a rappelé pas mal de souvenirs. Quid de la vie au bureau?
Arrivant dans ma première unité en 1981 (et oui, pas hier!) je constate l'évolution de ces trente dernières années. Mais commençons par le service, avec le "planton".
07H00 : Ce militaire arrive le premier au bureau, pour relever le camarade qui vient d'y passer 24 heures 00. Dans mon unité, une brigade territoriale implantée au chef lieu du Groupement, le service se prend en continu dans les locaux de service. Et en 24 heures 00, il va en faire des choses, le planton!
Ouverture des volets, de la porte d'entrée et de la grille principale donnant sur la rue. On éteint l'enseigne lumineuse "Gendarmerie", si le jour est levé bien sur. Vérifications du central téléphonique, des bornes d'appel de secours de la route nationale et du poste de radio. Vérification de la position des interrupteurs sur le tableau des sonnettes d'alarme des logements (effacement des interrupteurs des premiers à marcher de la nuit écoulée). Le planton descendant passe éventuellement les consignes et informe de tout ce qui s'est passé dans la nuit - un cahier d'événements reprend tous les appels téléphoniques et les  motifs pour lesquels des particuliers se seraient présentés au bureau - le tout servira à un CR lors de l'arrivée du commandant de brigade ou du gradé de permanence.
07H15 : les gendarmes assurant la première surveillance générale arrivent au bureau, avec un gendarme auxiliaire le plus souvent. Ils prennent leurs effets personnels, les dossiers à traiter et la clef de l'estafette. Quelques mots échangés. Le planton les renseigne sur les éventuels événements de la nuit qui nécessiteraient un changement d'itinéraire de la patrouille.
07H30 : La patrouille franchit la grille de la caserne et l'on ne la reverra pas avant 12 heures 30 si tout va bien. Voici l'adjudant chef commandant la brigade. Il passe invariablement par le bureau du planton. Petit CR le cas échéant mais si quelque chose s'est produit durant la nuit, il est déjà au courant! Il file vers son bureau, attrapant au passage le cahier d'enregistrement des procès-verbaux, pour toute la paperasse et la "ROC-B" va crépiter un moment .
08H00 : les personnels non commandés en service extérieur arrivent et prennent place à leur bureau après être allé saluer le patron dans son bureau. Gare à celui qui aurait eu une "panne de réveil". Le gendarme auxiliaire "planton" arrive à son tour et prend en compte le central téléphonique et l'accueil. Cela permet au sous-officier de recueillir les déclarations des personnes se présentant à l'unité.
08H30 : première vacation radio. La station groupement appelle toutes les unités et chacun répond qu'il est sur écoute. "Pas de trafic" annonce l'opérateur, dans le meilleur des cas. Sinon, les message sont transmis en phonie et chaque planton doit retranscrire  en direct, qui à la machine à écrire, qui en sténo, qui en hiéroglyphes! "Comment reçu?" demande l'opérateur de la station Grpt. "de 545, je n'ai rien à partir de SECUNDO et jusqu'à avis hiérarchiques motivés.". Et l'opérateur reprend le message. "Comment reçu?".... les postes répondent un à un, dans l'ordre "545, bien reçu", "546, bien reçu", etc.... Dans la pratique, il n'était pas rare qu'une brigade en appelle une autre pour demander tout ou partie du fameux message!
09H00 : (pour exemple) les premiers à marcher de la veille arrivent à leur tour. Rentrés de service de nuit à 03 heures 00, ils ont bénéficié des 06 heures 00 de repos réglementaires. Rasés de frais, ils assurent à nouveau le service, après être allé saluer le CB, bien évidemment. Ce petit cérémonial a deux raisons : tout d'abord la politesse et, ensuite, une façon de marquer son respect des horaires. Pas question d'arriver "en douce" en se mettant directement à sa table de travail...... le "vieux" aura tôt fait de rappeler à l'ordre le retardataire. En cas de soucis, mieux vaut aller le voir directement et lui dire pourquoi.
11H00 : le planton est relevé par un remplaçant, le temps du déjeuner. Dans la pratique, le gendarme auxiliaire "planton" est toujours au central et à l'acueil, jusqu'à 12 Heures 00.
12H00 : Départ du Gendarme auxiliaire "planton". Le gendarme remplaçant revient au central téléphonique et à l'accueil.
12H30 : Le planton revient au bureau prendre le service. Il voit la patrouille du matin qui revient. Pas d'intervention, ils vont pouvoir aller déjeuner tranquilles... si il n'y a pas d'appel!
13H15 : les militaires de la SG de l'après-midi arrivent au bureau, prennent leurs effets personnels, dossiers,etc.... et quittent l'unité.
13H30 : La patrouille franchit la grille de la caserne. On ne devrait pas la revoir avant 19 heures 30, sauf intervention.
14H00 : Service normal au bureau pour les militaires disponibles et retour du gendarme auxiliaire "planton".
14H15 : (exemple) la radio des pompiers crépite - une liaison existe entre la gendarmerie et le centre de secours - départ VSAB et VSR pour un accident de la circulation sur la RN/// à hauteur de l'entrée de l'autoroute. Le planton appelle sa patrouille SG par radio pour l'envoyer sur les lieux. Il rend compte au CB.
14H30 : la patrouille est sur place. Un poids lourds, deux véhicules légers en cause. Un DCD et trois blessés. La circulation est bloquée dans les deux sens. demande de renfort. Le planton rend compte au CB qui donne l'ordre à deux gendarmes disponibles de partir aussitôt. Il appelle également le peloton motorisé (échelon groupement) pour obtenir le renfort de motocyclistes et la mise en place d'une déviation. Le planton alerte les dépanneurs, dont un spécialisé dans les poids-lourds, ainsi que les services funéraires pour un transport de corps. Le remplaçant planton est quant à lui envoyé au centre hospitalier où il devra effectuer le dépistage d'alcoolémie qui n'a pas été possible sur les lieux. La DDE a également été appelée pour la déviation.
15H00 : Les différents compte-rendus sont partis (Compagnie, Groupement, Parquet). Reste le plus délicat, aviser les familles. C'est le commandant de Brigade qui va s'en charger. Il s'est déplacé sur les lieux et a eu confirmation de l'identité de la personne DCD.
jusqu'à 18H00 : le planton est seul à l'unité et gère tous les appels : médias, société d'autoroute, hôpital, patrouilles, funérarium, pompiers, mairie, DDE, etc... et poursuit l'accueil du public. Une plainte pour vol dans véhicule, un changement de fascicule de mobilisation, une perte de carte nationale d'identité et ... une certification de copie conforme!
18H00 : normalement, c'est l'heure de la relève pour le repas du soir. Aujourd'hui, le remplaçant n'arrivera qu'à 18 heures 30. On fera avec.
20H00 : Retour à l'unité. La nationale a été dégagée. Une des patrouilles est rentrée, ainsi que le CB. Une patrouille est toujours sur place pour terminer les constatations et enregistrer les premiers témoignages. Le planton et son gendarme-auxiliaire sortent balais, serpillières et chiffons. C'est l'heure du ménage! On pose la vareuse, on retrousse les manches et tous les bureaux sont balayés et lavés. Gare à ceux qui n'auraient pas vidé leur cendrier! c'est le cendrier qui part à la poubelle! (et oui, on fume dans les locaux à cette époque). Pendant ce temps, le téléphone continue de sonner et des personnes se présentent encore quelquefois à l'accueil.
21H00 : Les sols sont secs et l'on remet en place les chaises et les corbeilles à papier. Un calme relatif est revenu. La grille est verrouillée et les volets baissés. L'enseigne lumineuse est allumée. Une pause devant le téléviseur noir et blanc dont l'usage est toléré. Le planton déplie un lit de camp rangé sous le comptoir d'accueil. Avec un peu de change, il pourra dormir du sommeil du juste, avec le central téléphonique à quelques centimètres de ses oreilles.
21H50 : Arrivée des militaires assurant une patrouille de nuit. Ce sont les camarades qui ont pris en compte l'accident de l'après-midi. Discussion rapide sur les causes et surtout sur le bilan. Ils partent avec leurs gros projecteurs de recherches rouges en bandoulière.
22H00 : La patrouille est sortie et le portail refermé.
02H00 : Retour de la patrouille. Bien que discrets, leurs pas résonnent dans le hall d'entrée. "ca s'est bien passé?" lance le planton depuis son lit de camp. "Oui, oui, à demain".
06H45 : Debout! Remise en ordre du bureau du planton avec lit de camp rangé et registre d'événements bien rempli.
07H00 : Relève.

Si cela réveille chez vous des souvenirs, n'hésitez pas à les partager.
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Message par le criquet Jeu 18 Fév - 20:23

Bonsoir à toutes et tous.
Nous allons tenter de réveiller d'autres souvenirs......
La machine à écrire (mécanique bien évidemment) et les carbones.
Je suis de la génération qui a débuté avec la "batteuse" et donc les papiers "carbone" qui allaient avec.
Mon premier contact avec cet instrument remonte à mon stage de formation, cours de dactylographie. Toutes les touches du clavier étaient masquées et nous devions d'abord mémoriser leurs emplacements. Puis venait le temps des premières frappes (rien à voir avec le combat!). Dans le noir, les yeux rivés à l'écran, nous suivions un diaporama sonorisé "E, frappe" et nous devions frapper un E majuscule et ainsi de suite avec l'ensemble du clavier. Mais, malheur, je n'avais pas rabattu ma réglette après avoir introduit ma feuille de papier dans le rouleau du chariot. L'instructeur, malgré la pénombre, s'en est aperçu. Il est venu arracher ma feuille du chariot sans que je comprenne pourquoi! Je passais ainsi le reste de l'exercice sans matière première... A la fin du cours, il m'a vertement fait remarquer mon oubli (impardonnable?). Ce qui est certain, c'est que je n'ai plus jamais oublié cette fichue réglette!
En arrivant en unité, je constate vite qu'il n'y a pas assez de machines pour tout le monde et qu'il faut la "jouer fine" pour en avoir une au bon moment. Gare à ceux qui quittent le bureau pour un service extérieur en laissant une procédure sur une machine..... il retrouveront leur travail posé sur leur bureau, mais plus de machine. Bien sur, impossible de recaler impeccablement le texte au bon endroit, surtout avec au moins trois exemplaires. Règle numéro UN, on ne monopolise pas une machine quand on est absent. Pour les fournitures, il en va de même, on "touche" 3 ou 4 papiers "carbone" neufs en arrivant et on doit y faire attention, comme à son armement. Règle numéro DEUX, ne pas laisser traîner ses "carbones", au risque de ne pas les retrouver!
Enfin, dans un soucis évident d'économie, seules les deux premières feuilles de papier sont des "vraies". Pour les autres expéditions, on utilise des "pelures", une espèce de papier beaucoup plus fin et léger (et moins cher!). Règle numéro TROIS, ne pas utiliser du vrai papier pour autre chose que les expéditions Parquet, sinon c'est avec le CB que l'on a une petite entrevue!
Bon, j'avais vite compris ces règles élémentaires (comme l'absence de photocopieur, sinon au secrétariat de la Compagnie.... qui n'était pas là pour nous faire des copies!). Mais la pénurie de machines à écrire étant chronique, je me décidais à m'acheter une machine portative.... et des "carbones" neufs à moi! Je partais ainsi systématiquement en service avec ma "batteuse", rédigeant mes procédures sur place et les faisant signer en direct aux personnes concernées. De retour à la brigade, il suffisait souvent d'ajouter le numéro de PV et le cachet et de déposer dans la bannette du CB, au lieu de reprendre son carnet de déclarations et de retaper à la machine les déclarations reçues manuscritement. J'avais toujours un échantillonnage d'imprimés dans mon portefeuille de correspondance : 210 pour les audition, 217 pour les infractions au code de la route, 218 "tout usage", plus tout le fourbis pour les prises de sang, réquisitions à médecin, fiches A et B & C, les flacons.....
Mais la chasse aux "carbones" se poursuivaient toujours. Il est vrai qu'une procédure d'accident de la circulation militaire entraînait 6 expéditions : 2 pour le Procureur de la République, une pour le Préfet, 1 pour le général Commandant la Région Militaire, une pour le Chef de Corps de l'unité concernée et une pour nos archives. Vous imaginez la qualité de l'archive, tapée sur une "pelure"! Bref, les secrétariats des Mairies subvenaient à nos besoins, quand ce n'était pas telle ou telle société privée dont nous connaissions les personnels. Idem pour les fameuses photocopies. Bel exemple d'indépendance.
Lorsque nous étions quatre ou cinq gendarmes dans le bureau (Nous étions dix dans le même bureau, chacun disposant d'une table bois à deux tiroirs et d'une chaise en bois du même métal!) et que nous rédigions nos procédures, il devenait un peu compliqué d'entendre une victime ou un témoin. Mais c'était l'ambiance de l'époque, avec en plus un ou deux gendarmes qui fumaient, ainsi que les visiteurs d'ailleurs.
Est-ce que cela réveille les mémoires?
A vous!
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Message par GARNISON36 Ven 19 Fév - 23:27

Tu n’as rien oublié de tes années Bonheur, mon cher Ami.
Mais c’est vrai, tu es un pur GD, TOI, aucun jour de GM durant toutes ces années.
Ce serait bien, si d’autres personnes pouvaient témoigner.
Le Crimo

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Message par le criquet Dim 21 Fév - 19:43

GARNISON36 a écrit:Tu n’as rien oublié de tes années Bonheur, mon cher Ami.
Mais c’est vrai, tu es un pur GD, TOI, aucun jour de GM durant toutes ces années.
Ce serait bien, si d’autres personnes pouvaient témoigner.
Le Crimo

Bonsoir
Je constate qu'il y a des passages sur le forum, le nombre de visualisations des posts en témoignent. Cependant, je suis un peu déçu par le peu de retour sur les sujets traités, ou plutôt évoqués, n'exagérons rien Very Happy
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Message par Konstanz Dim 21 Fév - 19:51



un dossier est en cours de préparation,photos,archives,c'est long,

mais après,je vais mettre ça en place,dossier sur la vie en brigade,gendarmes ,familles,enfants ,matériels,etc..

de 1956 à 1974,ma vie en brigade.

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